En 1972, John H. Bracey est arrivé à l’université du Massachusetts, sur l’invitation du professeur Mike Thelwell, pour aider à construire un des premiers programmes d’études des afro-américains dans le pays. Un titan dans son champ d’étude, Bracey est décédé début février à l’âge de 81 ans. Il a passé plus de 50 ans à enseigner dans le département W.E.B. Du Bois des études afro-américaines.
Plusieurs des premiers membres de la faculté du département consistaient de figures éminentes que Thelwell a rassemblées du mouvement des droits civiques des années 60 et 70. Les membres notables incluent James Baldwin, Chinua Achebe et Max Roach. Bracey et Thelwell se sont rencontrés dans des circonstances plus humbles, en tant qu’étudiants sous-gradués en première année à l’université Howard en 1959.
Bracey est né à Chicago et il a été élevé à Washington, D.C. par sa mère qui était aussi une professeure à Howard. Cette éducation a contribué à la grande passion qu’il éprouvait pour l’enseignement.
“C’était un type qui étudiait beaucoup, pensait beaucoup, apprenait beaucoup et qui avait beaucoup d’expérience pendant une longue période de temps. Il avait beaucoup à donner aux gens, et il était doué pour comprendre ce qui était le meilleur moyen de le leur donner,” a dit Jim Smethurst, un professeur d’études afro-américaines à UMass. “S’il pensait que vous aviez besoin d’être poussé, il vous poussait. S’il pensait que vous aviez besoin d’être encouragé, il vous encourageait,” a dit Smethurst. “S’il pensait que vous aviez besoin d’être mis à l’aise pour vous faire vous exprimer, il vous mettait à l’aise.”
Stephanie Evans a obtenu son doctorat à UMass en 2003, où Bracey a servi comme directeur de thèse. Elle est actuellement professeure d’études féminines, du genre et de la sexualité et d’études afro-américaines à l’université de Georgia State. “Je lui ai demandé de servir comme directeur parce qu’il était éducateur des éducateurs – il a centré les femmes noires dans son travail parce qu’il venait d’une famille pleine d’éducatrices noires,” a dit Evans.
David Goldberg, un ancien élève de Bracey, émule sa façon d’enseigner comme professeur d’études afro-américaines à l’université de Wayne State. “J’ai appris de lui comment écouter et l’importance d’être là pour les gens,” Goldberg a dit. “Dans mon travail actuel, je pense de façon active, ‘qu’est-ce qu’on aurait fait à UMass?’ Quand un étudiant en a besoin, je fais des efforts supplémentaires.”
Bracy était un érudit prolifique ; au cours de sa carrière il a coécrit des douzaines de livres à propos de tous les domaines différents des études afro-américaine. Son œuvre était célèbre dans le milieu, même avant de venir à UMass.
Goldberg, qui a écrit sa thèse de doctorat à propos de l’histoire des pompiers noirs, raconte, “Je voulais venir à UMass parce que je voulais faire mes études avec John Bracey. Parce qu’il a étudié le nationalisme noir et le radicalisme noir et je connaissais son œuvre, et j’avais déjà un énorme respect pour lui dès le début.” Bracey était qualifié par de nombreuses personnes de par son cerveau encyclopédique et sa mémoire photographique. La richesse de connaissances qu’il possédait s’étendait également en dehors de la salle de classe. “Nous étions assis dans le bureau et on causait de tout, de tous les aspects de la culture noire et de l’histoire noire. On parlait du basket, de la vie en général,” Goldberg a dit. “J’en ai probablement appris plus de John après le cours que dans le cours, et j’ai appris beaucoup dans le cours.”
Steven Tracy, un professeur de renommée dans le département des études afro-américaines a dit de l’intelligence de Bracey, “On savait toujours que, quand John disait quelque chose, on ne pouvait pas se permettre de ne pas l’écouter.”
Très tôt, Bracey savait l’importance de créer des institutions académiques noires en conjonction avec les mouvements de la justice sociale. Il a mené l’effort d’établir un programme de doctorat dans le champ interdisciplinaire des études Africana. En 1996, UMass est devenu la deuxième université dans le pays à le faire, après Temple University.
La résistance actuelle contre l’enseignement de l’histoire afro-américaine, illustrée par l’interdiction récente en Floride des cours d’Advanced Placement en études afro-américaine, prouve le besoin du genre de travail que Bracey faisait.
“Étant donné que quelques groupes essaient toujours de rendre hors la loi les études afro-américaines, la vitalité de l’information est bien témoignée, et l’institutionnalisation à UMass a assuré que l’éducation critique continuera, en dépit des efforts de certaines personnes,” Evans a dit.
Bracey sera aussi largement reconnu pour son sens de l’humour. Bien qu’il ne se considérait pas humoriste, “John était un interprète doué. Il était un conteur par excellence,” a dit Tracy.
Quelques-uns des plus beaux souvenirs de Smethurst de lui sont constitués du temps qu’ils ont passé sur la route ensemble avec la poète Sonia Sanchez, en voyageant pour des conférences littéraires en 2014 à la suite de la publication de leur anthologie, “SOS: Calling All Black People: A Black Arts Movement Reader.”
Un souvenir, dont il s’est rappelé, comprenait un pneu du camion qui conduisait à côté d’eux prenant feu sur le chemin vers Philadelphia. “Il s’est détaché du camion, et il y avait ce pneu brûlant qui roulait à travers l’autoroute de l’état de New York, et John conduisait. [Il] a juste calmement conduit la voiture autour du pneu,” Smethurst a dit. “Si ça avait été moi, j’aurais crié à pleins poumons.” La seule réaction de Bracey était de dire, “Un pneu brûlant qui roule à travers l’autoroute, un peu étrange quand on y pense.”
Autant pour les étudiants comme ses collègues, Bracey était un pilier de la communauté dans le département des études afro-américaines et il sera profondément manqué.
“La dernier fois que j’ai parlé avec lui, je voulais qu’il sache que je l’aime,” Goldberg a dit. “Il comptait énormément pour moi. Et je pense que parmi les personnes qui sont graduées de ce département autour du même temps que moi, quand il était très actif, on se considère de l’ère de Bracey. C’est notre descendance et on en est très fier.”
“Il est très dur pour moi, après avoir été ici pour plus de 20 ans, d’imaginer le département Du Bois sans lui,” a dit Smethurst. “C’est-à-dire, dans un sens on n’est pas sans John parce qu’il fait partie de l’ADN du département. Sa présence physique est partie, mais il est ici et il demeurera ici pendant longtemps, dans ce sens.
L’Université a récemment établi, et récolté les fonds pour, un programme de bourse pour un formation de troisième cycle, en l’honneur de Bracey. Un tribut à son héritage se planifie à présent.
Dans un entretien pour le Black Presence Initiative, un projet qu’il a créé, Bracey a dit, “Quand j’avais 19 ans, je voulais créer un monde où les personnes noires pouvaient se promener librement et de manière égale, pas sous un regard du mépris, et d’avoir toutes les ressources dont ils avaient besoin. Et c’est ce que j’ai passé la plupart de ma vie à faire.”
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