Zeina Zahoori, première année | Science Informatique
Comment trouvez-vous votre expérience en informatique jusqu’à maintenant?
C’est difficile, mais amusant de trouver des solutions aux problèmes, et j’aime bien collaborer avec mes collègues. [L’informatique] est surtout basée sur des projets et nous développons ces projets en groupe. Il n’y a qu’un ou deux examens par semestre. Lorsque je suis témoin de tellement de commentaires négatifs et sexistes, il est cependant difficile de comprendre profondément ce que je suis en train d’apprendre ou de trouver de l’épanouissement.
C’est comment la dynamique entre vous et les autres femmes dans votre programme?
Je trouve cette question intéressante parce que la dynamique peut être compliquée. Nous essayons de se soutenir et de s’encourager, parce que le fait d’être une femme dans un programme STEM (un acronyme qui désigne les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques) est tout un mouvement en soi, et il y a si peu d’entre nous. Mais il y a aussi un sens de la compétition. Quand vous êtes une femme, vous devez travailler plus fort pour être prise au sérieux …à cause de ça, les femmes sont placées les unes contre les autres. Mais, en fin de compte, nous traversons les mêmes difficultés.
Est-ce que vous sentez que vous avez la capacité de vous exprimer et de poser librement des questions, ou est-ce que vous vous sentez parfois éclipsée par vos camarades de classe masculins?
Avec les professeurs, je peux m’exprimer librement. Mais avec des camarades de classe, ça dépend – j’ai rencontrée des camarades de classes masculins qui m’ont humiliée ou qui avaient l’impression qu’ils étaient intellectuellement supérieurs à moi. C’est moitié-moitié.
Avez-vous entendu des commentaires sexistes?
J’ai sans aucun doute entendu des commentaires sexistes. Les hommes dans mes cours ont déjà dit que les femmes posent des questions idiotes ou stupides, ce qui est irrespectueux puisqu’il n’y a pas de questions stupides et nous sommes tous en train d’essayer d’apprendre. Parfois ils agissent de façon arrogante et prennent des grands airs pour indiquer qu’ils sont plus intelligents. Mes deux amis masculins étudient l’informatique et si nous travaillons ensemble sur un projet, je sens parfois que mon idée est négligée. Même s’ils finissent par se rendre compte que j’ai raison, ils ne me donnent pas le crédit pour mes idées et ne reconnaissent pas mon intelligence. Je pense qu’ils n’ont pas de mauvaises intentions, mais je pense que les hommes dans mes cours se sentent parfois comme s’ils avaient besoin de valider leur intelligence, même si ça finit par discréditer la mienne.
Aviez-vous des attentes avant de vous lancer dans l’informatique en étant une femme?
Au lycée, j’étais la seule fille dans mon cours d’informatique, alors je n’ai pas pu interagir avec beaucoup d’autres femmes. Je m’attendais un peu aux réactions négatives et au sexisme, mais je ne pensais pas que ça serait aussi mauvais, puisque je pensais que les étudiants universitaires seraient plus au courant et plus instruits. Je ne m’attendais pas non plus à la toxicité et au sens de la compétition entre les femmes.
Comment pensez-vous que UMass pourra améliorer l’expérience des femmes à l’avenir?
Il devrait y avoir plus de soutien pour les femmes en STEM spécifiquement. [La faculté d’informatique] devrait encourager les femmes à se réunir et à discuter de ces sujets pour que nous puissions nous rassembler autour de nos expériences plutôt que de seulement rivaliser les unes avec les autres. Je pense qu’il devrait y avoir plus de reconnaissance et des conversations sur le sexisme dans l’informatique. Mes camarades de classe masculins devraient se rendre compte que leur comportement est inacceptable et que tou(te)(s) les étudiant(e)s devraient être traités avec respect. Ça paraît évident, mais je pense que n’est pas assez accentué et qu’on n’en discute pas suffisamment.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez vécu affecte votre attitude envers le domaine de l’informatique?
Le sexisme peut être décourageant. Je me demande parfois si les garçons ont raison. L’informatique n’est pas une matière facile en soi et parfois je deviens découragée. Mais il est aussi motivant d’avoir à prouver aux gens qu’ils ont tort.
Gianna Verna, première année | Gestion du sport
Comment trouvez-vous votre expérience dans la gestion du sport jusqu’à maintenant?
Je la trouve bien jusqu’ici. J’aime bien la communauté qui vient avec la gestion du sport, je sens qu’elle est très unie. Je me suis fait beaucoup d’amis qui sont dans le même domaine que moi. Nous faisons beaucoup de projets et travaux d’équipe, alors il y a plein d’opportunités d’interaction avec les gens.
C’est comment la dynamique entre vous et les autres femmes dans votre programme?
Puisqu’il le programme est tant dominé par les hommes, les autres femmes dans ce domaine sont aimables et ouvertes à développer des rapports. Dans mon groupe de discussion, il n’y avait que 3 filles parmi 25 personnes au total. Nous nous sommes alors serrés les coudes et nous nous sommes défendues les unes les autres. Nous avons un lien puisque nous nous intéressons au même sujet.
Est-ce que vous sentez que vous avez la capacité de vous exprimer et de poser librement des questions, ou est-ce que vous vous sentez parfois éclipsée par vos camarades de classe masculins?
Au début, je me sentais intimidée. Dans mon groupe de discussion ce semestre, par exemple, il n’y a que des garçons. C’est assez intense parce que les garçons viennent en cours et causent du sport en détail. Vous voulez vous exprimer et vous voulez parler avec confiance en vous-même, mais vous ne voulez pas avoir tort non plus. Avec le temps, je me suis rendue compte que mes camarades de classe étaient réceptifs et ouverts à écouter ce que j’avais à dire. Sans doute, il m’a fallu de la confiance en moi pour le faire. J’ai essayé de le faire tranquillement et après un temps je me suis rendue compte que ce n’était pas si pire.
Avez-vous entendu des commentaires sexistes?
Absolument. La discussion autour du sport féminin est le plus grand point controversé, et c’est toujours un sujet de débat dans nos cours. Par exemple, nous parlions de March Madness et de l’inégalité de reportage entre les équipes masculines et féminines. J’ai entendu des commentaires du genre, “sans déconner le sport féminin est moins couvert, les équipes masculines sont meilleures.” Ils ignorent le sport feminin en général et ils le dédaignent. Ils ne reconnaissent pas son importance et ils croient que les femmes athlètes ne peuvent pas jouer au même niveau que les hommes.
Aviez-vous des attentes avant de vous lancer dans la gestion du sport en étant une femme?
J’ai sans doute eu un peu peur, puisque je sais qu’il y a beaucoup d’hommes dans la discipline de la gestion du sport. Mais une fois que j’ai pris plus de cours, je me suis rendue compte qu’il y a pleins de types de personnes qui s’intéressent à la discipline.
Comment pensez-vous que UMass pourra améliorer l’expérience des femmes à l’avenir?
Je dirais que mes professeurs ont été très vigilants à l’égard de la sensibilisation envers l’inégalité entre le sport masculin et féminin. Je suis actuellement un cours sur la sociologie du sport, et ma professeure, Nicole Melton, aborde ces sujets avec vraiment beaucoup de tact. Le problème se trouve lié aux perspectives avec lesquelles mes camarades de classe masculins ont grandis, et je peux reconnaître que UMass fait des efforts pour changer ça.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez expérimenté affecte votre attitude envers le domaine de la gestion du sport?
Ça peut devenir décourageant et démotivant. Lundi dernier, je suis revenue d’un discours sur l’inégalité du genre et je me sentais si frustrée. Les commentaires sexistes de mes camarades masculins me faisaient me sentir blessée, je voulais tout supprimer de ma mémoire. Mais après avoir réfléchie un peu plus, je me suis rendue compte que je peux contribuer à changer la dynamique et le regard sur le sport féminin dans notre société. Le découragement devient la motivation.
Katie Robertson, première année |Récemment changée de discipline, de la physique à la philosophie
Comment trouvez-vous votre expérience dans le domaine de la philosophie jusqu’à maintenant?
Je suis agréablement surprise puisque ça va très bien. Je trouve ma discipline plus accueillante que ce que j’aurais pensée initialement. J’adore la philosophie, mais au début, j’étais nerveuse que mes camarades de classe soient des mecs blancs prétentieux qui interrompent les femmes. Il y a certainement quelques personnes qui correspondent à ce stéréotype, mais j’ai aussi rencontré des gens vraiment très cools.
C’est comment la dynamique entre vous et les autres femmes dans votre spécialisation?
Il y a pas mal de filles en fait – la proportion des femmes et hommes est peut-être 4 sur 6. Cependant, parfois c’est compétitif. Les mecs agissent comme s’ils avaient plus de pouvoir et plus d’autorité, et à cause de ça, les filles doivent lutter pour être écoutées. En dépit de ça, nous reconnaissons que nous sommes dans la même situation. Par contre, j’étudiais la physique le semestre dernier où seulement 10 pour cent de la classe était des femmes, et la dynamique entre nous me paraissait plus saine et collaborative. Nous étions principalement concentrées ensemble sur l’apprentissage du matériel. En philosophie, c’est plus conceptuel et compétitif.
Est-ce que vous sentez que vous avez la capacité de vous exprimer et de poser librement des questions, ou est-ce que vous vous sentez parfois éclipsée par vos camarades de classe masculins?
C’est intimidant parfois sans aucun doute, mais j’essaie toujours de poser des questions et de collaborer avec mes camarades de classe. C’est embêtant – j’ai certainement remarqué que quelques mecs essayeront de réfuter les idées des femmes à chaque fois qu’elles parlent, même si le sujet sur lequel on discute ne les concerne pas. Ma professeure, Julia Jorati, est incroyable par contre, et elle donne la bienvenue aux nouvelles idées. J’ai entendu dire qu’il y a d’autres filles dans le domaine de la philosophie qui ont eu des professeurs masculins avec qui elles ne se sentaient pas écoutées, mais mon expérience personnelle est positive jusqu’à présent. Je suis dans le club de philosophie aussi, et nous avons tous l’opportunité de présenter nos idées. À travers ça, il y a beaucoup d’opportunités d’ exprimer ses perspectives.
Avez-vous entendu des commentaires sexistes?
Je n’ai pas entendu de commentaires directement, mais comme je l’ai mentionné auparavant, beaucoup de mecs essayent de se montrer plus rusés que les femmes, même notre professeure. Quelques-uns d’entre eux essaient toujours de la corriger ou d’argumenter avec elle. Je pense que si nos professeurs étaient des hommes, la dynamique serait différente.
Aviez-vous des attentes avant de vous lancer dans la philosophie en étant une femme?
À mon début en philosophie, j’étais nerveuse que les mecs fassent du “mansplaining” sur tout et que ça devienne un environnement toxique. J’étais nerveuse d’avoir des difficultés à entrer dans la philosophie et de connecter avec le matériel, mais c’est mieux que ce que je pensais.
Comment pensez-vous que UMass pourra améliorer l’expérience des femmes à l’avenir?
Je ne suis pas encore entièrement sûre. Dans ma spécialisation antérieure, la physique, j’aimais vraiment qu’il y ait une société pour les femmes du domaine. Il y avait beaucoup de discours qui suscitent l’inspiration et pleins d’opportunités pour rencontrer et parler avec d’autres femmes dans la physique. Je pense qu’il serait utile d’avoir un tel club pour les femmes en philosophie, ou d’avoir plus de conférencières féminines invitées . Nous recevons des conférenciers pendant nos cours, mais ils sont typiquement des hommes. Il serait très motivant de reçevoir des philosophes qui sont des femmes, et il serait rassurant de savoir que les femmes peuvent réussir en philosophie. Il serait bénéfique d’avoir plus de femmes comme modèles de réussite à suivre.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez expérimenté affecte votre attitude envers le domaine de la philosophie?
Être une femme dans un domaine dominé par les hommes est motivant. Je sais que je dois travailler plus fort, mais je veux réussir et persévérer. C’est majoritairement positif, et je ne me suis pas souvent sentie découragée.
Lily Harris-Hendry, deuxième année | Sciences politiques
Comment trouvez-vous votre expérience dans la science politique jusqu’à maintenant?
Pour être honnête, j’ai choisi la science politique par caprice, mais ça me va très bien et j’apprends sur ce qui me passionne. La plupart de notre travail est basé dans les rédactions, quelques contrôles et beaucoup de lectures. Je ne collabore pas autant avec mes camarades de classe. Cependant, nous avons des plus petits groupes de discussions, où la plupart de mes interactions avec mes camarades de classe ont lieu.
C’est comment la dynamique entre vous et les autres femmes dans votre spécialisation?
La dynamique est assez bonne, et les filles sont très sympas. J’ai quelques amies et collègues de travail dans mes classes, et tout le monde est très chaleureux et très accueillant. Les filles initient souvent les conversations et sont prêtes à être sociables. Nous avons des groupes de discussion et nous nous assoyons ensemble dans les classes. Beaucoup de [aide-enseignants] sont des femmes aussi, et je pense qu’il est important d’avoir des femmes pour faciliter les discussions autour de la politique.
Est-ce que vous sentez que vous avez la capacité de vous exprimer et de poser librement des questions, ou est-ce que vous vous sentez parfois éclipsée par vos camarades de classe masculins?
Relativement libre. Je sens que la science politique est très différente des cours de STEM, puisqu’elle est beaucoup plus centrée autour des opinions. J’apprends toujours à développer ma propre opinion et à la défendre fermement. Je sens que j’hésite à parler parce que je ne veux pas qu’on questionne mon opinion. C’est vraiment typique que les gens entrent en désaccord les uns avec les autres. Quand il s’agit de STEM, vous avez raison ou vous avez tort, mais en science politique vous avez besoin de construire un argument solide pour défendre votre opinion.
Avez-vous entendu des commentaires sexistes?
Pas vraiment, mais je sens que les attitudes générales et les opinions sont un peu sexistes. Les garçons parlent plus à volonté, même s’ils ne sont pas trop familiers avec le sujet. Les filles reconnaissent que le sujet est nouveau et attendent d’entendre le ou la professeur(e) pour mieux comprendre le contexte historique. Les hommes dans mes cours ont plus l’habitude de former des opinions prématurément sur tous les sujets et ils présument que les autres dans nos classes veulent les écouter, même si leurs opinions proviennent de choses qu’ils ne connaissent pas. Dans mon cours de politique publique, nous devions écrire des mémos et les hommes paraissaient très impatients de parler à propos des questions de femmes, presque au point de dominer la conversation.
Aviez-vous des attentes avant de vous lancer dans la science politique en étant une femme?
Comparé à mes expériences au lycée, je trouve qu’ il y a moins de variation d’opinions à la fac. La plupart des personnes dans mes classes sont radicales et partagent la même opinion. J’étais surprise que beaucoup des hommes aient des valeurs libérales, mais il paraît qu’ils sont trop confiants dans leurs connaissances. Ils paraissent un peu trop confiants et presque performatifs face à leurs croyances.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez expérimenté affecte votre attitude envers le domaine de la science politique?
Il y a des opportunités limitées pour trouver des stages et des carrières, et je pense qu’il devrait y avoir plus d’opportunités visées aux femmes. Je sens que l’SBS devrait essayer de tendre la main aux organisations qui soutiennent les femmes et qui se concentrent sur les questions de justice sociale. J’apprécierais l’opportunité d’apporter des changements pour le mieux au niveau local. Des séances et des événements avec des conférencières seraient utiles pour créer des espaces qui émancipent les femmes. Nous devrions aussi enseigner aux hommes dans les domaines dominés par les hommes comment être un allié qui soutient, en les tenant responsables de la discrimination en tout genre. Ne pas inclure les femmes dans la politique est une perte pour tous, et il ne devrait pas être seulement la responsabilité de la femme de parler des questions gênants concernant le sexisme dans le domaine.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez expérimenté affecte votre attitude envers le domaine de la science politique?
Ça me frustre que même dans l’enseignement supérieur, il n’importe pas la carrière que je choisis, je devrai faire face à des hommes qui sont trop sûrs d’eux-mêmes. En dépit de ça, je me sens poussée à faire partie d’une génération qui émancipe et qui exalte les femmes.
Kate Moody, première année | L’économie
Comment trouvez-vous votre expérience comme étudiante d’économie jusqu’à maintenant?
Typiquement je fais le travail en groupe dans mes cours et je travaille sur les examens individuellement. Quand je travaille avec des camarades de classe masculins, je trouve que c’est moi qui prend l’initiative, qui organise le projet et qui leur explique ce que nous sommes censés faire.
C’est comment la dynamique entre vous et les autres femmes dans votre spécialisation?
La dynamique est assez bonne. Je trouve que la plupart d’entre nous se sentons stressées et, bien, nous devons faire nos preuves à nos parents ou à nos proches. Comme nous sommes des femmes, nous avons beaucoup de pression additionnelle sur nos épaules.
Est-ce que vous sentez que vous avez la capacité de vous exprimer et de poser librement des questions, ou est-ce que vous vous sentez parfois éclipsée par vos camarades de classe masculins?
Ça ne me dérange pas de m’exprimer et de m’engager dans le cours, mais parfois je me demande si mes camarades de classe masculins me perçoivent comme étant moins intelligente pour avoir demandé des questions de clarification.
Avez-vous entendu des commentaires sexistes?
Je l’ai témoigné plusieurs fois et ces commentaires sont typiquement en rapport à mon apparence. Ils font des commentaires inappropriés sur mon corps, ils sifflent et ils flirtent.
Aviez-vous des attentes avant de vous lancer dans les études d’économie en étant une femme?
C’était moins dominé par les hommes que je ne le pensais. Il y avait des moments où je me sentais un peu à la traîne de la classe, mais je me sentais toujours accueillie et soutenue.
Comment pensez-vous que UMass pourra améliorer l’expérience des femmes à l’avenir?
Je pense que les opportunités que les hommes et les femmes ont pour réussir dans les études d’économie sont plutôt égales. Je trouve que la plupart des problèmes proviennent du manque de maturité des garçons dans la classe, et pas de la fac.
Comment est-ce que le sexisme que vous avez vécu affecte votre attitude envers le domaine de l’économie?
Je trouve ça motivant. Ça me donne le désir ardent de surpasser mes homologues masculins.
Laleh Panahi can be reached at [email protected]
Ella Laclaire is a French translator and can be reached at [email protected]
Sarah Corbin-Garant is a French editor and can be reached at [email protected]