De nombreuses femmes, particulièrement celles qui habitent aux États Unis, ont de fortes chances de reconnaître un aménagement commun aux toilettes publiques: la corbeille menstruelle.
Ces paniers typiquement sont construits de métal ou de plastique et sont montés au mur intérieur du cabinet des toilettes féminines. Ils fournissent des zones désignées pour le rejet des produits menstruels comme les serviettes hygiéniques et les tampons.
À l’Université de Massachusetts, selon les toilettes que vous utilisez, certains paniers ont une caractéristique étrange.
Environ la moitié des paniers ont un distributeur frontal rempli des petits sacs roses qui portent un logo disant “Scensibles.” Les toilettes des bâtiments plus anciens comme le Centre des Beaux Arts, Holdsworth Hall, Thompson Hall, le Laboratoire de Hasbrouck, et New Africa House ont des distributeurs Scensibles. Dans, les toilettes des nouveaux édifices, bâtiments rénovés (sauf le Integrative Learning Center), les résidences universitaires et les réfectoires ils ne sont pas présents.
Scensibles présentent un dessin rose et fleuri qui a la forme des sacs de déchets de chien quand il se défait. Un petit diagramme avec des instructions se trouve autour du distributeur. On peut y lire “Ne tirez pas la chasse d’eau ! Jetez votre tampon, votre serviette ou votre protège-slip dans un sac Scensibles. Tirez. Insérez et attachez. Jetez-le dans une poubelle.” Au-dessous du logo Sous le logo se trouve la ligne supplémentaire, bien que vague : “Protégez la santé et l’environnement – Plastique biodégradable.”
Depuis le début, je voyais ces sacs comme inutiles. Les serviettes hygiéniques et les tampons s’emballent presque toujours dans leur propre emballage jetable. Un grand argument de vente pour les tampons de Tampax c’est la mise en place des adhésives refermables dans leurs papiers d’emballage pour une élimination pratique et intégrée. Tandis que l’éducation menstruelle pour les jeunes filles se distingue dépendamment du programme scolaire, la plupart apprennent qu’il suffit d’emballer les produits hygiéniques usagés dans l’enveloppe fournie ou dans un morceau de papier hygiénique. Pour plusieurs de mes amis et moi, cette habitude est resté notre préférée. Aucun sac jetable supplémentaire n’a jamais été nécessaire.
Alors, d’où viennent les Scensibles ? Et pourquoi UMass les utilise-t-ils?
Selon le site web de Scensibles, ces sacs sont destinés à empêcher les femmes de jeter leurs produits menstruels usagés dans les toilettes, limitant ainsi les dégâts causés par la plomberie et empêchant les déchets de se retrouver dans les cours d’eau. Selon une étude de 2014 par le Journal of the Institution of Environmental Sciences, chaque jour, environ 2,5 millions de tampons, 1,4 million de serviettes hygiéniques et 700 000 protections sont jetés dans les toilettes. Les produits menstruels jetables ont des composants en plastique et d’autres matériaux non biodégradables qui, lorsque jetés dans les toilettes, font des ravages dans les cours d’eau et les milieux marins.
Alors que cela part de la bonne intention de protéger l’environnement, la déclaration de Scensibles selon laquelle ses petits sacs roses vont apporter des changements substantiels est intrinsèquement incorrecte.
Tout d’abord, les sacs de Scensibles sont en plastique. Alors que les étiquettes autour des distributeurs sur campus disent que les plastiques sont “biodégradables,” le site web de Scensibles déclare que les sacs se sont faits seulement de “20 pour cent de materiel recyclé.” Et le reste? Polyéthylène haute densité (PEHD). PEHD est un plastique d’emballage quotidien qui peut prendre 450 ans pour se décomposer. L’excès de plastique produit annule probablement tout effet positif causé par la chasse d’eau.
De plus, les campagnes pour enseigner aux femmes des effets négatifs de l’élimination des produits par la chasse d’eau seraient également tout aussi efficaces pour cesser de l’utiliser. Des panneaux et des avis à l’intérieur des cabinets pourraient facilement être inclus dans ces campagnes. En toute honnêteté, ceux qui sont déjà assez négligents pour mettre leurs produits au panier malgré les effets sur l’environnement ne vont probablement pas soudainement commencer à utiliser les sacs Scensibles.
Pour soutenir son produit, Scensibles affirme également que les produits menstruels produisent une “odeur répugnante”, sont “une horreur pour les yeux” et sont porteurs de “virus contagieux et d’agents pathogènes transmissibles par le sang”. Pendant que l’absence d’un entretien adéquat des salles de bains peut être à l’origine de conditions insalubres, c’est le cas pour toute la salle de bain, et pas seulement pour le panier à déchets menstruels.
Un article de 2018 écrit par Camilla Rostvik de l’Université de St Andrews indique: “Il est remarquable de constater à quel point les mythes sur les menstruations sont persistants dans une industrie qui profite aux femmes.” Elle poursuit: “Les idées du sang menstruel comme toxique ont fait de l’industrie britannique une solution réussie à un problème exagéré. Il existe peu de preuves scientifiques qui suggèrent que les déchets de produits menstruels sont toxiques, mais l’industrie continue de bâtir son argumentaire sur cette affirmation.”
Les salles de bains des femmes qui bénéficient d’un entretien adéquat ne sont pas la zone de contamination répugnante que Scensibles dépeint. En fin de compte, Scensibles fait des déclarations vagues et utilise la stigmatisation menstruelle pour fabriquer le besoin de son produit.
Les services d’entretien de UMass n’ont pas répondu à nos questions concernant le calendrier de rechange des Scensibles ou les décisions concernant les bâtiments qui les ont reçus. Selon les étudiants en fin de cycle de UMass à qui j’ai parlé, les Scensibles sont dans les salles de bain depuis quelques années au moins.
Un facteur possible de cette mise en œuvre pourrait être la récente montée en puissance du plaidoyer pour la déstigmatisation et l’accès universel aux produits menstruels gratuits sur les campus. Ce mouvement a été mené par la section UMass de PERIOD Inc. Plusieurs publications du Daily Collegian ont souligné la nécessité de l’égalité menstruelle, notamment un article d’opinion en 2019 et une lettre plus récente en 2021.
Depuis ce semestre, seuls quelques bâtiments de classe sélectionnés fournissent des produits de période libre. Les toilettes des résidences universitaires – l’endroit où ils seraient le plus utiles – n’en ont toujours pas.
Bien que ce soit probablement une bonne idée pour UMass de se débarrasser des Scensibles, UMass devrait surtout faire preuve de détermination et cohérence dans ses choix quant à l’endroit où les produits menstruels sont fournis, et lesquels. Le manque d’équité menstruelle n’est pas quelque chose qui peut être résolu simplement en investissant dans des plans et des produits qui semblent bons sur le papier.
Kelly McMahan peut être contactée à [email protected]
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