Quelques moments aux toilettes de l’Amicale des Étudiants révèlent des vérités multiples. La première est que nous avons tous besoin d’y aller. La plupart d’entre nous utilisons nos téléphones quand nous avons besoin d’y aller. Il semblerait que nous ayons peur du silence ou de l’ennui ; nous avons toujours besoin de quelque chose en face de nous avec de la lumière ou du son.
En marchant à travers le campus, combien d’oreilles pouvez-vous trouver sans écouteurs ? Quelles sont les chances que vous soyez complètement seul.e – confronté à vos environs et aux torrents de vos réflexions ? Pouvez-vous vous en contenter ?
Que vous soyez sur votre téléphone aux toilettes ou que vous fassiez défiler Twitter tandis que vous vous brossez les dents, vous êtes-vous inquiété que ces habitudes vous empêchent d’être heureux avec vous-même ? Moi oui. Mon souci n’est pas que je fasse défiler les informations anxiogènes à l’infini, ni que je démolisse ma capacité de concentration, mais que la vraie solitude soit tellement effrayante et néanmoins nécessaire.
Une étude a trouvé que la solitude améliore l’empathie. D’une certaine manière, être seul nous prépare pour les moments où nous ne sommes pas seuls. Selon le New York Times, la solitude nous aide aussi avec la régulation des émotions et le niveau de stress.
Malgré la difficulté, laisser votre esprit vagabonder est essentiel pour faire le bilan de vos décisions et émotions. Le fait d’être seul vous permet de vous engager dans la métacognition, c’est-à-dire de réfléchir de manière critique sur vos pensées. Dans le monde anxiogène que sont les études supérieures, il est essentiel qu’on se pose une question que TikTok n’est pas capable de nous poser : “Est-ce que je vais vraiment bien ?”
La réflexion solitaire est un booster puissant de la productivité. Des études ont démontré que les travailleurs sont plus productifs quand ils sont seuls. Si vous êtes débordé de choses à faire, il est crucial que vous savouriez ces moments de solitude.
Prenez le temps de comprendre ce que vous avez besoin de faire, comment vous allez le faire, et pourquoi vous accordez de l’importance à ces objectifs. Ne voyez pas ces moments isolés comme quelque chose à surmonter. Au lieu de cela, voyez-les comme des outils pour profiter plus de vos journées. Malgré ces avantages, la solitude n’est pas amusante. Une étude de 2014 a trouvé que plutôt qu’être seul avec leurs pensées, la plupart des participants ont préféré s’administrer des chocs électriques. D’après le professeur du développement humain Reed Larson, “Être seul n’est pas un état de joie. C’est un peu comme un médicament amer.” C’est là que réside la difficulté de l’isolement raisonné : personne ne vous forcera à prendre ce médicament si ce n’est vous-même. Quand le moment sera venu, affronterez-vous le voyage aux toilettes sans téléphone ? Laisserez-vous vos AirPods derrière vous et irez-vous en classe seul, non engagé et stressé au-delà de toute mesure ? Ou écouterez-vous de la musique dans la douche et retournez-vous sur Twitter en vous brossant les dents ?
Notre besoin compulsif d’éviter d’être seul, même pour quelques instants, nous abîme. Au moins, ça m’abîmait. Avec les distractions numériques qui occupent mes intervalles d’improductivité, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi je n’arrivais pas à comprendre quoi que ce soit. Maintenant, avec mon “médicament amer”, je suis à un pas de le faire.
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