Mardi à l’Université du Massachusetts les “snowflakes”, les réseaux sociaux et le biais d’autosélection étaient au menu du panel “Speech On and Off Campus” où était présent Jelani Cobb, rédacteur au New Yorker et professeur de journalisme à l’Université de Columbia.
L’événement, qui a été modéré par Anna Branch, la Chancelière de l’équité et de l’inclusion de UMass et professeur de sociologie, faisait partie d’une journée de symposium sur le thème “Comprendre les forces qui nous divisent.” Le symposium visait à éduquer la communauté sur la polarisation sociale et politique à laquelle nous faisons face.
Un des sujets dont Branch et Cobb ont discuté était les matraquages idéologiques et la polarisation sur Twitter et leur effet sur la société.
Cobb a tout d’abord parlé du fait que les médias sociaux symbolisent des problèmes plus sérieux. Il a expliqué que, même avant l’existence des réseaux sociaux, les gens suivaient les dynamiques sociales en se rassemblant géographiquement, en se mariant avec la même religion et race, et en nouant des amitiés avec des individus issus du même milieu social.
“Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène” a-t-il dit.
Cobb a ensuité parlé des anciens journaux. Il y a 100 ans, les journaux étaient ouvertement partisans et on lisait ceux avec lesquels on était d’accord.
“Si on était juif, on lisait tel journal. Si on était Républicain, tel journal. Si on était Démocrate, si on était italien, si on était catholique… Ces journaux s’orientaient vers un lectorat précis” a expliqué Cobb.
Il a poursuivi en expliquant que la perte de confiance dans les médias traditionnels n’arrange pas cette polarisation.
“Les êtres humains ont tendance à faire une seule chose, ce qui est que nous formons un monde que nous trouvons cohérent et… Il faut que nous organisions l’information d’une façon qui nous semble sensée” a dit Cobb, en expliquant que les gens ont un biais de sélection et choisissent l’information qu’ils veulent entendre.
“Quand des gens nous une information qui va à notre encontre, nous ne sommes pas enclins à changer notre vision du monde, mais plutôt à nous méfier de celui qui nous a donné l’information.”
Cobb a pris comme exemple une étude parue il y a quelques années et qui a montré aux blancs que les noirs sont arrêtés et condamnés de façon disproportionnée par rapport aux blancs.
“Leur réaction a tendance à être en faveur de l’incarcération de masse au lieu de ‘Okay, il y a quelque chose qui ne va pas là. Il y a un manque de cohérence.’ Ils se disent ‘Peut-être que ces gens ont fait quelque chose d’autre, il y doit y avoir une autre explication” a dit Cobb.
Une autre question que Branch a posée à Cobb était comment créer des vraies interactions et comment converser l’un avec l’autre au lieu de simplement coexister.
“Ceci est habituellement le rebondissement quand je parle de ce sujet : je ne crois pas en les “safe spaces”. Pas du tout,” a dit Cobb.
Il a parlé de son ancienne passion pour la boxe, et du fait qu’il aimait particulièrement s’entraîner et frapper le punching-ball. Il aimait le frapper violemment et le voir se balancer. Quand il était temps de se battre contre quelqu’un, il a remarqué que son adversaire bougeait ses mains d’une façon bizarre. Il s’est ensuite rendu compte que son adversaire lui donnait des coups de poing au visage et que ses mains bougeaient si vite qu’il ne voyait qu’une partie du mouvement.
“Lorsqu’on se met en cercle et qu’on ne parle qu’aux gens avec lesquels on est d’accord, on est comme moi faisant de la boxe. On n’est pas seulement mal préparé à se confronter à des gens qui ne sont pas d’accord avec soi, on ignore qu’on n’y est mal préparé” a dit Cobb. “Le résultat n’est pas une bonne leçon, mais une ignorance arrogante et ceci est l’ennemi de l’éducation.”
Cobb a aussi encouragé l’audience à profiter des individus divers avec qui l’on peut discuter sur le campus, à trouver la ligne entre liberté de l’expression et propos haineux, et à échanger librement des idées sans ignorer les tensions.
Au terme de son intervention d’une heure, Cobb a répondu à quelques questions d’un public qui remplissait environ la moitié de l’auditorium du Campus Center.
Jonathon Pappas, un étudiant de première année en science politique, a assisté à la deuxième moitié de la conférence, mais il a apprécié la conversation et pense que cela peut aider à défendre la liberté d’expression, un problème d’actualité sur le campus parmi d’autres.
“J’admire sa façon de représenter le point de vue des noirs, tout en tenant compte équitablement des autres” a dit Pappas. “Donc je pense que de telles conversations sont ce qui va aider notre Université et notre pays à se réunir plutôt qu’à se diviser parce que les deux côtés sont prêts à se regarder en face.”
Abigail Charpentier peut être contactée à [email protected] ou suivie sur Twitter @abigailcharp
Margot Powers est la traductrice pour la version française et peut être contactée à [email protected]
Florent Charrier est l’éditeur de la version française et peut être contacté à [email protected]