Il semble que de nos jours beaucoup de gens ont des idées mal conçues sur l’avenir du journalisme. J’ai souvent entendu des amis, des professeurs et des proches dire que « le journalisme est un domaine en voie de disparition » dans lequel je ne devrais pas m’impliquer. Ces préoccupations viennent généralement d’une bonne intention car ceux qui les expriment veulent me dissuader de me faire un mauvais choix. Mais si le sentiment est bon, la peur est infondée. Le journalisme ne meurt pas, il évolue vers quelque chose de complètement nouveau et sans précédent.
Quoi qu’il en soit, tous les journalistes sur le terrain ou à l’université seront un jour ou l’autre inévitablement confrontés à ce pessimisme. Mais d’où vient-il ?
Les vieilles conceptions de ce que devrait être le journalisme ont été complètement chamboulées au cours des dernières décennies. Pour beaucoup, le journalisme n’est aujourd’hui plus qu’une ombre de ce qu’il était. Le journalisme du milieu à la fin du 20ème siècle n’est plus. Les générations plus âgées se souviennent de ce qu’était la profession, en particulier pendant la seconde moitié du 20ème siècle. Du Watergate à la guerre du Vietnam, le secteur a connu une révolution dans la défense de l’objectivité et dans le développement des techniques de reportage. Cependant, ces années sont loin derrière nous et beaucoup de choses ont changé.
Le manque de confiance dans le journalisme en tant que profession est un phénomène relativement nouveau, dû principalement au rythme rapide des progrès technologiques. Rien n’a changé le métier autant qu’internet. Pour mieux comprendre ces changements, il est nécessaire de comprendre comment chaque secteur de la profession a évolué dans le temps. Depuis le début des années 2000, la diffusion, la publicité et le recrutement de personnel dans les journaux ont constamment diminué. L’audience des journaux télévisés sur le câble est restée stable pendant la journée, mais a diminué pour les émissions du soir. Au même moment, les nouvelles locales ont enregistré une baisse d’audience et une diminution de la publicité, bien que l’emploi soit lui resté stable. Sur chacun de ces supports, en particulier l’imprimé, les médias n’ont pas connu le même succès qu’au cours des dernières décennies. La télévision par câble est devenue la principale source d’information pour la plupart des Américains, mais c’est aussi l’origine de certaines des sources d’information les moins appréciées.
Les médias numériques sont une autre histoire, ils ont quant à eux enregistré une augmentation de l’audience, de la publicité et de l’emploi ces dernières années. Ces données reflètent l’avenir probable des médias : ils seront de plus en plus en ligne. En conséquence, l’intérêt pour les formes de journalisme traditionnelles a considérablement diminué et les audiences sont de moins en moins intéressées par les vieux médias. Bien qu’il existe des différences entre générations, de plus en plus de personnes consultent leurs informations en ligne et sur les réseaux sociaux, en particulier les jeunes. Cela a changé la manière dont de nombreuses organisations médiatiques diffusent leurs informations, en mettant l’accent sur les revenus en ligne. Cela a également changé les autres formes de médias, car certaines des plus grandes organisations médiatiques sont devenues plus partisanes dans leurs analyses, en partie comme moyen de fidéliser une audience qui leur fait confiance, mais aussi comme moyen de générer un soutien pour l’organisation.
De toute évidence, le journalisme n’est pas prêt de disparaître. C’est une fonction vitale dans toute démocratie et il constitue le principal moyen d’informer le public. Ce que les négationnistes ne comprennent pas, c’est que les médias sont aussi importants aujourd’hui qu’à toute autre époque. Quelles que soient vos opinions politiques, vous comptez toujours sur les journalistes pour tenir les politiciens pour responsables de leurs actes. Vous vous fiez aux nouvelles locales pour vous informer de ce qui se passe dans votre ville.
Oui, l’état des médias aujourd’hui ne ressemble à rien de ce qu’on a pu voir auparavant. Les traditions de longue date sur le terrain sont en train d’être chamboulées et beaucoup se démènent pour essayer de savoir quoi faire. Mais c’est ce qui importe le plus : internet est la prochaine étape. Vous lisez cet article que j’ai écrit pour une plateforme en ligne sur Internet. Les deux tiers des adultes américains utilisent les réseaux sociaux pour obtenir une partie de leurs informations. Les principales organisations médiatiques publient chaque jour des centaines d’articles. Ce n’est pas ça que j’appelle un domaine mourant.
Derek Hunter peut être contacté a [email protected].
Álvaro García Hernández est le traducteur pour la version française et peut être contacté à [email protected].
Florent Charrier est l’éditeur de la version française et peut être contacté à [email protected].