En réponse au massacre de Christchurch en Nouvelle-Zélande le 15 Mars, qui a fait 50 morts et 50 blessés, un groupe d’étudiants, activistes et professionnels se sont réunis mercredi soir dans la Salle Bernie Dallas à Goodell Hall pour débattre des moyens pouvant permettre de comprendre et combattre l’islamophobie.
« Il est essentiel de s’attaquer au problème croissant de l’islamphobie, » a dit le panéliste et cardiologue Dr. Reza Mansoor qui a parlé des problèmes liés à la représentation de l’Islam dans les sociétés occidentales.
Mansoor, qui est un membre fondateur de la Coalition Musulmane du Connecticut, a ouvert la discussion en parlant de la représentation de l’Islam dans les médias occidentaux. Selon lui, seulement la voix des extrémistes est portée à la télévision, pendant que la voix des musulmans « modérés » est ignorée. Mansoor a accusé ce qu’il a appelé « le matraquage des médias sensationnalistes » d’être responsable de l’image d’idéologues extrémistes dont souffrent les musulmans.
« La voix modérée, la majorité d’entre nous, parlons aussi fort que possible » a dit Mansoor.
Selon Mansoor, la représentation de l’islam dans les médias est un facteur important dans la façon dont sont traités les musulmans américains.
Dr. Saher Selod, un autre membre du panel et professeur de sociologie à Simmons College était d’accord avec la critique des médias faite par Mansoor, mais il a ajouté que l’islamophobie a une histoire plus longue que la majorité des personnes ne connaissent pas. La majorité des gens relient l’islamophobie avec le 11 septembre et l’attitude envers les musulmans qui s’en est suivie, mais Selod a souligné que les stéréotypes sur les musulmans tels qu’on les connaît aujourd’hui datent de plusieurs centaines d’années.
« Le 11 septembre n’a pas créé l’islamophobie, elle est profondément ancrée dans la société » a dit Selod.
Selod a dit que les stéréotypes sur les musulmans qui existent aujourd’hui, souvent associés au genre, voyant les hommes comme misogynes et violents et les femmes comme des victimes à secourir, ont été utilisés pour justifier l’existence de pouvoirs impérialistes qui subjuguaient le Moyen Orient.
Ces stéréotypes représentant les musulmans comme incapable de s’intégrer et comme un danger pour la société Américaine ont également servi à justifier la surveillance massive de la communauté musulmane, selon Selod.
Tahirah Amatul-Wadud, une autre membre du panel et avocate à Springfield, a appuyé les propos de Selod selon lesquels l’islamophobie est profondément ancrée dans la culture américaine, en disant que 20 % des esclaves apportés aux Etats-Unis depuis l’Afrique étaient musulmans, dont la majorité a été forcée à se convertir.
Amatul-Wadud était aussi d’accord pour dire que la désinformation des médias était responsable des attitudes négatives envers les musulmans.
« Les mythes occupent l’espace laissé par le manque d’information » a dit Amatul-Wadud.
Tandis que Amatul-Wadud a accusé les médias d’être en partie responsables, elle a ajouté que le problème était beaucoup plus institutionnalisé. Amatul-Wadud a parlé de ce qu’elle appelle le réseau de l’islamophobie qui, selon elle, est très bien financé.
Amatul-Wadud a dit que ce réseau consiste en une combinaison d’acteurs politiques, de médias, d’organisations antimusulmanes, et de donateurs privés qui travaillent systématiquement à vilipender les musulmans.
Les membres du panel ont ensuite proposé un certain nombre de solutions qui pourraient aider a freiner l’augmentation de l’islamophobie. Selod a appelé à une meilleure éducation, à une reforme des médias et à un changement des politiques de sécurité nationale islamophobes comme l’interdiction de voyager.
Sazia Patel, étudiante en première année, a dit avoir décidé d’assister au panel a cause de la fusillade de Christchurch.
« Je cherchais un lieu pour faire le deuil et honorer les victimes » a dit Patel.
Ryan Lee, également étudiant en première année, a dit être venu à l’évènement parce qu’il n’était pas très exposé à l’islam et voulait en apprendre plus. Lee a dit avoir appris des termes qui ne sont d’habitude pas entièrement expliqués.
« Cela m’a ouvert les yeux à propos de la façon dont les gens utilisent incorrectement des mots comme charia ou djihadiste » a dit Lee.
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